mercredi 30 décembre 2009

Patience et longueur de temps

Quand vous arrivez en Argentine, il est un phénomène étrange que vous remarquez immédiatement : les queues interminables sur les trottoirs des villes. Que se passe-t-il donc ? Que peuvent donc bien attendre tous ces Argentins ?
Un peu tout et n'importe quoi en fait.
Les Argentins sont des gens extrêmement disciplinés qui font la queue pour tout :
  • A l'anglaise, pour prendre le bus. Le système est très bien étudié : vous faites la queue sur le trottoir, collé contre le bâtiment qui s'y trouve pour laisser passer les autres piétons, et toujours face au bus qui arrive. Si l'arrêt concerne plusieurs lignes de bus, quand le vôtre pointe le bout de son nez, vous vous déplacez d'un pas sur la droite et vous formez une 2e queue pour monter dans le bus en laissant sur votre gauche ceux qui prennent une autre ligne. Et vous montez gentiment dans le bus dans cet ordre, sauf pour les dames que les machos, mais néanmoins galants Argentins, laissent souvent passer.
  • Devant les banques : c'est incroyable comme tous les jours et en particulier les fins de semaines les Argentins vont à la banque. Je soupçonne que cela ait à voir avec les différentes crises économiques qu'ils ont subi et l'inflation forte qui fait qu'on ait besoin de retirer de l'argent fréquement. Pour info, lors de la grande crise de 2002, les banques ont ouvert 6 jours seulement au mois de janvier et il n'y avait plus de cash disponible. Dieu - et Nicolas Sarkozy - nous en préserve !
  • Mais le mieux, c'est quand même la queue pour aller à l'ANSES, la version locale de la sécu, qui fait en général le tour du pâté de maison.

Tout ça pour dire que je me trouve dans un pays de gens ultra-patients. En France, ce serait l'émeute au bout de 10 minutes, non ?

Le coût de la vie

Quelques repères pour vous situer le développement économique de l'Argentine.

Le salaire minimum argentin est de 1500 pesos, soit 275 euros par mois.
Le peso argentin est très fluctuant. Je suis arrivée fin novembre où 1 euro valait 5.70 pesos ; aujourd'hui c'est plutôt 5.40.

Les prix :
- un Big Mac (indice fiable partout dans le monde !) : 1.30 €
- une place de cinéma : de 2 à 3.80 €
- un kilo de bonne viande de boeuf (ici la mauvaise viande n'existe pas, il n'y a que des mauvais cuisiniers) : 2.70 à 3.60 €. Ça fait rêver non ?
- une bouteille de vin "moyenne" 2.30 €, "bonne" 8 €
- un trajet en bus ou en métro à Buenos Aires : 0.20 €
- un appartement de 80-100 m2 à Buenos Aires : moins de 100 000 €

Et après on dit que c'est un des pays chers en Amérique du Sud ! Moi, à ce prix là, je m'installe quand on veut !

lundi 28 décembre 2009

Un jour au Paraguay



Après avoir décidé de supprimer le Brésil de mon périple faute de temps, j'avais pensé aller directement de Buenos Aires en Patagonie sans passer par la case Iguazu, située à l'autre extrémité du pays, tout au nord-est et à 1 200 km de la capitale. Mais l'appel des chutes étant trop fort, je vais donc passer quelques jours autour du Nouvel An et tant qu'à y aller, j'en profite pour visiter les missions jésuites de la région (et oui, encore eux !).
Je suis donc actuellement dans la bien-nommée province de Misiones, ce petit doigt argentin qui se glisse entre le Brésil et le Paraguay (voir la carte à droite).
Les missions jésuites de la région se répartissent entre Brésil, Argentine et Paraguay. J'ai donc passé la journée d'hier de l'autre côté de la frontière naturelle créée par le rio Paraná, au Paraguay.
Après Buenos Aires l'européenne, le Paraguay c'est un peu comme si je revenais vraiment en Amérique du Sud. Ça a un faux air de Bolivie ; c'est tropical dans cette région ; il fait chaud, très chaud, extrêmement chaud, et humide, très humide. On est dans une région de villages et petites villes aux rues en terre rouge, aux doux noms de Encarnación, Trinidad ou Jesus de Taravangüe. On retrouve une population indigène, les Guaranies, qui parle le Guarani, langue officielle au Paraguay tout comme l'espagnol, et qui a donné son nom à la monnaie nationale, le Guarani.
Comme en Bolivie, les Jésuites se sont installés dans la région et ont fondé des communautés sur un mode mixant les cultures et croyances guaranies et espagnoles. Et comme en Bolivie, ils ont été expulsés au milieu du XVIIIe siècle par la couronne espagnole. Les missions ici sont bien différentes de la Bolivie : en pierre sculptée, comprenant église, place centrale, ateliers, logements... Toutes abritaient de 5 000 à 7 000 Guaranies pour 2 à 3 prêtres jésuites. Elles sont aujourd'hui le plus souvent en ruine avec une végétation envahissante reprenant ses droits, mais cela fait partie du charme.

dimanche 27 décembre 2009

Buenos Aires par quartiers : Puerto Madero












Finissons notre tour de Buenos Aires avec son quartier le plus à l'est et le plus jeune : Puerto Madero.
Initialement port et docks de la ville au XIXe, ce quartier qui semble posé sur l'eau rappelle les docks de Londres. Il a été complètement réaménagé il y a 20 ans pour en faire un lieu de promenade où les hôtels 5 étoiles poussent comme des champignons, où les vieux bâtiments en brique du port abritent des restaurants et des clubs tendance et où les voiliers attendent les sorties en mer de leurs riches propriétaires. Un joli pont piétonnier ultra-design, le puente de la mujer, vient mettre une touche finale à cette oeuvre d'art bien léchée.

Buenos Aires par quartiers : Palermo

Un restaurant au nom évocateur



Vitrine de magasin de lunettes



Attention, oeuvre d'art sur la gauche






Vous voulez faire la fête et cotoyer la jeunesse dorée de Buenos Aires ? Venez à Palermo !
Ce grand quartier du nord-ouest de la ville a une double personnalité :
- dans sa partie nord, de nombreux parcs et jardins, le zoo, l'hippodrome et de nombreux musées : c'est le Palermo des familles de la classe moyenne.
- au sud, Palermo Viejo, Palermo Hollywood, Palermo Chico : c'est l'univers ultra bobo des boutiques de designers indépendants, des restaurants à la mode, des clubs branchés.
Palermo est un quartier résidentiel et de balade : petites rues pavées ombragées, maison d'un étage, petites places et toujours de l'activité.

Buenos Aires par quartiers : Recoleta










Alors que Retiro fait plutôt dans la richesse discrète, Recoleta, juste à l'ouest, est le domaine du luxe visible : appartements, voitures, magasins, allure... Il faut que ça en jette.
Mais l'élément le plus symptomatique de Recoleta est son cimetière, LE cimetière des grands Argentins. On y trouve des présidents de la République, des généraux, des sportifs... et Eva Peron. Ce cimetière est fait de petites allées que bordent des mausolées laissant libre-cours à l'imagination des architectes : ça rivalise de statues, de vitraux, de dômes, de sculptures... en pierre ou en marbre. Chose intéressante ici, aucun cercueil n'est mis en terre. Ils sont laissés à l'air libre dans les mausolées au-dessus du niveau du sol, donc visibles de l'extérieur, ou en sous-sol.
Le prix du m2 au cimetière de la Recoleta est parmi les plus chers de Buenos Aires. Un dicton local dit d'ailleurs "Cela coûte moins cher de vivre toute sa vie de façon extravagante que d'être enterré à la Recoleta".

Buenos Aires par quartiers : Retiro

Palacio San Martin












Palacio Paz









Continuons notre promenade au nord du centre et arrêtons nous dans le très huppé quartier de Retiro.
Retiro ne connaît qu'un quartier populaire, autour des gares routière et ferrovaire. Là, ça tient presque du bidonville. En dehors de ce quartier peu favorisé, nous sommes dans le domaine de la bourgeoisie et de l'aristocratie. Nombreux immeubles "de rapport" et palais encore superbes, comme le Palacio Paz, 12 000 m2 de merveille architecturale "à la française" pour une famille de 9 personnes et 60 serviteurs que son commanditaire, le baron de la presse Jose Paz n'occupa jamais pour cause de mort prématurée avant la fin des travaux.

Buenos Aires par quartiers : Congreso

Juste à l'ouest du centre et séparé de lui par l'immense avenue 9 de Julio, on trouve son prolongement logique : Congreso. Comme son nom l'indique c'est le quartier du Congrès, construit sur le modèle du Capitole de Washington, et de sa place, autre lieu traditionnel de manifestation. On trouve également une étrangeté architecturale : le Palacio de las Aguas Corrientes (palais des eaux courantes), un édifice du XIXe siècle occupant un bloc entier, recouvert de 170 000 carreaux de céramique et 130 000 briques de façade et abritant la compagnie des eaux et d'anciens réservoirs.
Non loin de là, et malheureusement fermé pour rénovation depuis 2 ans, le théâtre Colon, fierté culturelle de toute l'Argentine, a accueilli les plus grandes stars de l'opéra, du théâtre et de la danse.

Buenos Aires par quartiers : le centre






















Toujours en remontant vers le nord, après San Telmo, on arrive dans le centre proprement dit. C'est un quartier d'affaires, d'administrations et de commerce très vivant et agité le jour, très calme la nuit. On y trouve 2 des monuments les plus caractéristiques de la ville : l'obélisque et la Casa Rosada, et la plus célèbre place du pays, la Plaza de Mayo.

L'obélisque est définitivement le symbole de Buenos Aires. Situé à l'intersection de 3 très grandes avenues de la ville, dont l'avenue 9 de Julio (16 voies de circulation + 3 voies dans chacune des contre-allées, la plus large avenue du monde selon les Porteños), le monument de 67 m de haut se voit d'à peu près partout dans le centre. En ligne droite avec l'obélisque, la Plaza de Mayo qui accueille la cathédrale et l'ancienne municipalité est lieu de toutes les protestations puisque son côté est abrite la Casa Rosada ou Palais présidentiel et son célèbre balcon présidentiel d'où Evita fit son dernier discours.

Le centre est un melting pot d'architectures : de la cathédrale neoclassique aux immeubles hausmanniens en passant par les gratte-ciel en verre et les maisons coloniales. C'est assez proche de Paris, c'est assez proche de Londres, c'est assez proche de New York : c'est Buenos Aires.

samedi 26 décembre 2009

Cartoneros, le recyclage des pauvres

Buenos Aires, côté face.

A partir de 19h, toutes les nuits, juste avant le passage des éboueurs, une armée de la nuit arpente les rues de Buenos Aires, les "cartoneros". Laissés pour compte de la crise de 2001, ces Argentins des classes populaires sillonent les rues et récupèrent dans les poubelles tout ce qui peut être revendu au poids et recyclé : métal, carton, papier, plastique, verre.
Les cartoneros ne sont pas des SDF. Ils habitent dans les banlieues lointaines de la ville et viennent chaque nuit travailler dans le centre. Leur métier est d'ailleurs reconnu par le gouvernement. Equipés d'un immense sac en toile blanche tiré sur une planche équipée de roulettes, ils sont environ 10 000 et arrivent à gagner jusqu'à 300 € par mois, pas si mal selon les standards argentins, mais le métier est dur, dangereux - on trouve de tout dans les poubelles - et peu sûr.
Certains sont organisés en coopératives qui offrent des vaccinations et assurent la garde des enfants pendant la nuit, même si on trouve beaucoup d'adolescents parmi eux.

L'autre métier qui a beaucoup de mérite à Buenos Aires, c'est celui d'éboueur. Parce qu'eux passent après les cartoneros et trouvent des trottoirs jonchés d'immondices.

Les paseaperros

Buenos Aires, côté pile

On voit fleurir dans les quartiers les plus privilégiés de Buenos Aires - Recoleta, Retiro, San Telmo, Palermo - une profession importée des Etats-Unis, qui va de pair avec le développement économique du pays : "paseaperros" ou "promeneurs de chiens".
Les Porteños trop occupés ou feignants s'adjoignent les services de jeunes gens qui promènent leur chien dans les rues et les parcs et lui font prendre l'air.

Fiche technique du paseaperros :
- jeune et sportif : il faut pouvoir promener une bonne dizaine de chiens en même temps, de tous gabarits et de toutes races.
- autoritaire : se faire obéir desdits chiens
- équipé : ici, on ramasse les crottes des chiens, en principe...
Salaire estimé : 35 € par mois et par chien
Et pour les chiens les plus sportifs, certains font ça à vélo, un vrai challenge vu la circulation dans la ville !

vendredi 25 décembre 2009

Joyeux Noël !!!

Quand vous avez toujours été habitués à un Noël froid et parfois blanc, où l'on s'emmitoufle pour sortir et où le traineau du Père Noël glisse sur la neige, c'est un peu étrange de se retrouver en plein été avec soleil, chaleur et moiteur.
Personnellement je ne me sens pas du tout à Noël, même si les magasins sont décorés, les sapins en plastique et les guirlandes de sortie et les achats de cadeaux de rigueur. Tout cela est un peu anachronique pour l'habitante de l'hémisphère nord que je suis.
Néanmoins je vous souhaite à tous une excellente fête de Noël devant dindes, huitres, foie gras, marrons glacés et champagne. Soyez raisonnables !! Ici le repas de fête c'est le barbecue... Le foie gras va me manquer !

mercredi 23 décembre 2009

Buenos Aires par quartiers : San Telmo













Après la Boca, remontons un peu au nord et nous arrivons à San Telmo, mon lieu de résidence et également un ancien quartier populaire.

C'est un petit village dans la ville. Un peu comme l'Ile Saint Louis à Paris pour ceux qui connaissent. On y trouve donc un mélange étonnant de vieux immeubles très jolis, de rues pavées, d'antiquaires, d'ateliers d'artistes, de danseurs de tango de rue, d'hôtels pour backpackers, de bars, restaurants et clubs.

San Telmo a une forte tendance à se boboïser, ce qui fait bien-sûr monter les prix de l'immobilier et risque d'en altérer le charme d'ici quelques années. Venez vite...
Plaque de magasin peinte typique de Buenos Aires ==>
Acheter votre confessionnal personnel chez l'antiquaire ? C'est possible !








Buenos Aires par quartiers : La Boca

Buenos Aires a tout d'une ville européenne et la Boca, son quartier le plus au sud, pourrait facilement être comparé à Marseille.

La Boca est située au bord d'une rivière et comporte de nombreux docks et entrepôts. C'est un quartier portuaire où les migrants espagnols et italiens se sont installés au milieu du XIXe siècle. C'est depuis toujours un quartier populaire qui abrite la Bombonera, le stade de l'équipe de football fétiche de la ville, Boca Juniors.

La Boca comporte une particularité visuelle étonnante : un petit quartier en bord de docks déborde de maisons ultra-colorées, souvenir de l'époque où les dockers utilisaient les restes de peintures industrielles pour leurs maisons. Cette tradition est aujourd'hui largement entretenue à des fins touristiques car cela donne des photos fabuleuses. Les restaurants, boutiques et danseurs de tango se sont installés dans la rue afin de parfaire le tableau.

Tout cela est bien agréable s'il n'y avait la réalité alentours : des barres d'immeubles grises, des rues sales et de la criminalité.

Découvrons Buenos Aires

Petite série d'articles pour vous faire connaître les différents quartiers de Buenos Aires.

Avec ses 3 millions d'habitants intra-muros et son agglomération de 13 millions d'habitants, cette mégapole est bien entendu la plus grande ville du pays et la seconde agglomération d'Amérique du Sud. Gardons en mémoire que l'Argentine compte au total 40 millions d'habitants.

Buenos Aires comporte un centre ville qui s'étend sur 10 km d'est en ouest et 10 km du nord-ouest au sud-est. Les quartiers périphériques s'étendent ensuite beaucoup plus loin. La ville est construite en bordure de l'embouchure du Rio de la Plata (en haut à droite sur la carte), qui se jette dans l'Atlantique et fait la frontière avec l'Uruguay, situé de l'autre côté du fleuve, au nord.

La ville de Puerto Nuestra Señora Santa Maria del Buen Aire (Port de Notre Dame Sainte Marie du Bon Vent, toujours faire simple !) fut fondée par le conquérant espagnol Pedro de Mendoza en 1536 et se libéra du joug européen le 25 mai 1810. En 1860 elle comptait déjà 90 000 habitants, puis avec les vagues d'immigration européennes atteignit allègrement 670 000 habitants au début du XXe siècle. Le XXe siècle, comme dans tout le pays, fut cahotique : révolutions, guerres, dictature, crises économiques... Ici, quand on leur parle de la crise actuelle, les Argentins vous répondent que ça fait 20 ans que c'est la crise chez eux et qu'ils ne voient donc pas beaucoup de différence. Les taxis ont augmenté leurs prix de 20 % la semaine dernière ; ces 2 derniers mois l'inflation a été de 5 % et pour 2010 on prévoit 20 %. Alors la crise mondiale, ce n'est pas vraiment prioritaire !

mardi 22 décembre 2009

Fernet Branca

Après le mate, une autre bizarrerie argentine : le Fernet Branca.

Pour moi, les mots "Fernet Branca"ont quelque chose de surrané, un petit côté années 50, complètement dépassé.

Le Fernet Branca est une boisson d'importation, immigration italienne oblige, à base d'herbe, décidément !, à 45 degrés quand même. Un petit côté Chartreuse donc...
Sauf que les Argentins l'ont remis au goût du jour et s'en servent pour faire des cocktails, genre Fernet cola.
Ils sont vraiment bizarres ces Argentins !!

lundi 21 décembre 2009

Le maté

Le vin français, la vodka russe, la bière belge, le thé anglais, le café colombien, le mate argentin...

Dans la liste des boissons devenues des institutions, c'est certainement une des moins connues, mais aussi une des plus répandues. Je n'ai pas encore croisé d'Argentin me disant qu'il n'aime pas le mate.

Le mate ce n'est pas qu'une boissson, c'est une institution et un rituel en Argentine, en Uruguay, dans le sud du brésil, au Paraguay et dans certaines parties du Chili.

A la base, le mate n'est rien d'autre qu'une infusion à base de yerba mate (llex paraguayensis pour les puristes ayant fait latin, thé du Paraguay, issu d'une variété de houx) qui ressemble à des herbes coupées. On remplit le récipient adéquat, le "mate", aux 2/3 ou aux 3/4 de yerba mate et on ajoute de l'eau chaude mais pas bouillante. Et on boit ça à l'aide d'une bombilla, sorte de paille en métal percée à l'extrémité de petits trous pour filtrer les herbes. C'est un peu comme le thé mais pas besoin de laisser infuser et dès que le niveau de l'eau diminue, on en ajoute, sans jamais remuer. On pourrait faire ça chez soi, tout seul dans son coin, mais surtout pas. Le mate c'est avant tout un moment de convivialité en famille, entre amis ou avec n'importe qui. Donc un seul mate, une seule bombilla, et on se le passe, un peu comme un joint. En temps de grippe, est-ce bien raisonnable ?

Les Argentins en sont tellement fous qu'ils trimballent leur thermos d'eau chaude et leur mate avec eux partout : au marché, au match de polo, en pique-nique...

Bon j'ai goûté et j'ai l'impression de boire de l'herbe ! Mais comme je n'aime ni le thé ni les infusions, ceci explique peut-être cela. En plus, le mate se boit la plupart du temps sans sucre. C'est donc assez fadasse. Mais en revanche j'adore l'idée de cette boisson ultra conviviale.

Précision utile : le mate contient de la mateine. Ceci explique peut-être l'addiction locale à cette boisson.

Alors bien-sûr, comme tous les succès gastronomiques le mate connaît ses dérives commerciales. Les mate (récipients) sont en vente à tous les coins de rue, des plus traditionnels, creusés dans une calebasse, aux plus designs en céramique multicolore, en passant par les intemporels en argent. Idem pour les bombillas.

dimanche 20 décembre 2009

L'amour tarifé

Non, je n'ai pas ouvert une chronique "hot" dans ce blog ; je m'intéresse simplement aux pratiques argentines.

J'ai découvert il ya peu aux alentours de Córdoba, et il semblerait que ce soit un phénomène récurrent autour de toutes les villes argentines, des hôtels aux noms évocateurs : "Eros hotel", "Hotel encuentros (hôtel des rencontres)"... Mon Lonely Planet, guide fort complet et documenté s'il en est, vient de me donner une explication à cela. Il s'agit en fait d'hôtels "à l'heure", faits non pas pour les prostituées (je vous vois venir, esprits salaces !), mais pour les couples en mal de logement - traduisez, qui vivent encore chez leurs parents - ou les couples illégitimes. Et tout est fait pour assurer une discrétion parfaite et un moment agréable. A l'arrivée à l'hôtel, en voiture ou en taxi, un numéro s'affiche qui indique la chambre qui vous est allouée. Vous entrez alors dans le garage correspondant et fermez la porte, anonymat oblige. Le garage communique avec votre chambre où vous serez appelés pour une commande de boisson ou toute autre chose..., qui sera livrée par une porte coulissante - un peu comme dans les couvents en fait - toujours pour préserver l'anonymat. De même 10 minutes avant la fin de votre temps imparti, appel téléphonique pour vous le signaler.
Et comme dans tous les hôtels classiques, il y a une échelle des love hotels, certains proposant jacuzzi, télé et chaînes appropriées, outils adéquats...
Comptez 100 pesos pour 2h, soit moins de 20 €.

PS : toutes les informations ci-dessus proviennent du Lonely Planet ; je ne peux confirmer de vivo leur véracité, mais s'il m'arrivait d'utiliser l'une de ces prestations, je vous ferais savoir si la réalité colle au récit du guide.
PPS : non, je n'ai pas de photos pour illustrer cet article !

samedi 19 décembre 2009

Petit bilan

Les fins d'année sont souvent l'heure des bilans, alors pas de raison que je ne fasse pas non plus le mien après 8 mois et 1/2 de voyage. En 4 rubriques qui devraient faire ressortir les plus et les moins de ce voyage, pour l'instant...


Ce que je ne vais pas regretter de l'Amérique du Sud
- la préhéminence de l'automobile sur le piéton
- le respect 0 de l'environnement dans la majorité des pays
- le trio poulet-riz-frites
- la conduite suicidaire des bus et taxis
- moustiques, araignées, fourmis et leurs piqures à effet longue durée
- l'imprécision, le flou
- le non-respect du voisin
- les commerçants qui n'ont jamais de monnaie
- la douche électrique

Ce qui va me manquer de l'Amérique du Sud
- pouvoir acheter tout et n'importe quoi dans la rue
- pouvoir faire réparer tout et n'importe quoi dans la rue
- les vêtements colorés : pourquoi s'évertue-t-on à s'habiller en noir, gris, marron, beige 8 mois de l'année chez nous ?
- les amusements simples des enfants......... et des adultes
- pouvoir faire un repas pour 2 euros
- les autres backpackers longue durée
- ne se soucier que du lendemain
- faire travailler son coeur sans bouger avec l'altitude
- perdre 23 kg sans régime
- le stoïcisme de la population
- le beau temps quasi permanent
- les avocats, les mangues, les ananas... toujours mûrs

Ce que je vais retrouver à reculons en France
- ce petit objet qu'on appelle réveil
- prévoir, planifier, organiser
- la routine
- Nicolas, Carla, François et les autres
- les mauvaises nouvelles du JT
- les présentations powerpoint

Ce que je vais retrouver avec plaisir en France
- vous
- les chaussures à talons
- mes sacs à main
- pouvoir changer de vêtements tous les jours
- la "qualité" de service dans les magasins et les restaurants (je n'aurais jamais cru pouvoir dire cela un jour !)
- les RTT et les congés
- savoir ce que j'achète dans les magasins et ne plus choisir un produit au hasard
- les légumes, les crudités, les fromages, la variété, le choix
- l'affichage des prix
- Paris
- le Vélib'
- le parfum
- pouvoir jeter le papier toilette dans les toilettes !


Ce que je conclue pour l'instant de ce voyage de façon certaine : ce n'est que le 1er ! J'ai déjà plein d'autres idées pour la suite...

vendredi 18 décembre 2009

Un havre de paix...

En cette chaude journée de printemps, un peu d'ombre et de fraîcheur dans le jardin japonais de Buenos Aires.

mercredi 16 décembre 2009

Buenos Aires est un village

Malgré ses 3 millions d'habitants intramuros et les 13 millions d'habitants de son agglomération, Buenos Aires est un village. La preuve, je viens d'y rencontrer en 3 jours 6 personnes croisées en voyage :
- Gregory, croisé à Lima et recroisé dans la rue non loin de mon hôtel
- Kim et Daniel, avec qui j'ai traversé la frontière Equateur-Pérou, revu à la sortie d'un magasin dans l'artère la plus commerçante de la ville
- Céline et Michaël, partenaires du tour du Salar d'Uyuni, rencontrés plus classiquement après échange de mails
- Iain, rencontré à Sucre et qui se trouve dans le même hôtel que moi ici.

Le monde est petit, même quand on parcourt l'Amérique du sud...

mardi 15 décembre 2009

Football ou polo ?

Je disais donc précédement que je n'ai pratiquement rien fait dans mes 3 premiers jours à Buenos Aires. Ce n'est pas tout à fait exact. J'ai commencé à me fondre dans la culture argentine. Ici, il y a quelques essentiels : le foot, le tango, les gauchos, le polo, le pato, la fête.
J'ai donc fait week-end "sportif" en assistant aux 2 événements majeurs de cette fin de saison : la finale du championnat de polo et le dernier match du championnat de football.

Finale du championnat de polo, opposant les équipes de la Dolfina et Ellerstina, 2 équipes des alentours de Buenos Aires.

Comment ça se joue (si comme moi vous n'avez jamais vu de polo de votre vie) ?
- un terrain de 275 m x 145 m d'un court gazon "à l'anglaise" bien vert
- 4 joueurs par équipe, chacun sur son cheval, 2 arbitres, également à cheval
- 8 temps de jeu de 7 mn chacun, des pauses de 3 mn entre chaque pour reposer les hommes et les montures, même si...
- ... les joueurs changent de chevaux régulièrement en cours de partie
- un maillet chacun, une balle, des buts genre rugby
- objectif : marquer le plus de buts possible
Précision utile : chaque équipe change de camp à chaque fois qu'il y a un but


















Le polo en Argentine : Buenos Aires compte 8 équipes de polo à elle seule et joue dans le même championnat que des équipes d'Uruguay et du Brésil : 40 joueurs par équipes et un certain nombre de chevaux... Le polo est donc un sport "de riches". Le championnat d'argentine est la plus importante compétition internationale et les Argentins sont les meilleurs mondiaux dans ce sport. Les joueurs sont des stars et s'exposent dans les magazines people avec leurs top model de fiancées et en publicité.

Les spectateurs : la classe moyenne et haute. On est tous ultra fair-play, on aplaudit tous les buts, on applaudit les chevaux... jusqu'au dernier temps de jeu où tout le monde se met à soutenir son équipe préférée.

Le match : très beau, très rapide, très impressionant. Ça va vraiment vite, les hommes et les chevaux se rentrent dedans (on n'est pas au hockey quand même) mais on a quand même eu une patte cassée pour un cheval et une chute d'un joueur.

Score final : 15 à 14 pour la Dolfina après prolongation et but en or


Dernier match du championnat de football, opposant les équipes de Boca Juniors, LA célébrissime équipe de Buenos Aires où Maradona a joué mais qui sombre au milieu du classement cette année et Banfield, équipe de la province de Buenos Aires et leader du championnat avant le match mais pas assurée du titre.

Comment ça se joue ?
Je ne vous fais pas l'affront de vous rappeler les règles.
Simplement le stade de Boca est grand : 55 000 places disponibles.
Le foot en Argentine : vous imaginez bien que c'est le sport national.

Les spectateurs : la classe moyenne et l'argentine d'en bas comme dirait... De l'ambiance . ça chante et ça saute dans les tribunes pendant 1h1/2. Mais une atmosphère détestable de provocation, d'insultes, de crachats et de vulgarité en continu envers l'équipe adverse.

Le match : très agréable, avec des joueurs moins roublards qu'en Europe, respectant l'arbitre.
Score final : 2 à 0 pour Boca, l'honneur est sauf, même si Banfield est quand même sacré champion à l'issue du match.

























En conclusion, le choix est facile : polo évidement ! Un sport intelligent joué par des gens et des bêtes intelligentes avec des spectateurs intelligents.