lundi 30 novembre 2009

Le naturel...

Je n'ai pas pu m'en empêcher !
Mais aussi, est-ce que c'est ma faute si 2 jours après mon arrivée en Argentine et après 7 mois d'abstinence totale, Weber met sur ma route un chantier en weber.col gris, même bien planqué derrière une plante verte, et Sika un LSN ? Et je ne vous parle même pas du Monsieur que j'ai croisé en ville assis sur un seau de weber.col pasta et que je n'ai pas osé prendre en photo pour ne pas avoir à lui expliquer pourquoi je m'intéressais tant au seau sur lequel il était assis. En tous cas, bravo aux collègues argentins : nouveau logo, nouveau nom, nouvelle charte des emballages : 10/10.

On ne se refait pas !

Spécial Olivier-Marc JD











J'ai toujours cru que nous refourguions nos vieilles voitures en Afrique et au Maghreb où elles vivaient une retraite longue, active et heureuse. Ce que je ne savais pas, c'est que nous faisions de même en Argentine. Ici, les rues sont parsemées de 2CV, 404, 504, R6, R10, R12... Et là je pense très fort à mon collègue Olivier-Marc JD, grand amateur de voitures des 70's et des 80's qui serait tout à son aise ici. Heureusement pour l'image de la France, Renault et Peugeot exportent aussi des modèles neufs : C3, C4, Twingo...

Comme quoi, la mode est toute relative, même en matière d'automobile !

dimanche 29 novembre 2009

Elle est pas belle ma police ?


Aujourd'hui à Salta, en sortant du musée d'archéologie, j'ai assisté à une cérémonie quelque peu inhabituelle : la relève de la garde de la police de Salta.
La police que l'on croise dans la rue est habillée d'un uniforme bleu marine sans fioritures, somme toute assez classique. Mais pour cette cérémonie, c'était habits de gala, en l'occurence tenue de gaucho argentin traditionnelle et monture adéquate : magnifiques pantalon et blouse blanche brodés, grand poncho rouge et noir savamment replié sur les épaules, chapeau à large bord, bottes à éperons, lasso, selle en cuir, étendard national ou provincial.
Ça ne nous réconcilierait pas les banlieues et la police nationale des tenues comme celles-là ?

Salta : rose, rouge, vert, jaune











Salta, un peu comme Sucre en Bolivie, est une ville où on se sent bien dès qu'on arrive. Ce qui caractérise cette capitale du Nord-Ouest de l'Argentine et sa région, ce sont les couleurs. Les façades des maisons et des églises de la ville sont à l'image des montagnes environnantes et se parent d'ocre, de jaune, d'orange, de rose, de rouge, de vert, de gris... On trouve même une montagne au doux nom de "montagne aux 7 couleurs" au milieu d'un écrin de nature bien verte. Une véritable palette de peintre.

samedi 28 novembre 2009

Argentine, 1eres impressions

C'est grand, c'est vert.
Par rapport aux autres pays traversés, la 1ere impression de l'Argentine, et la plus flagrante, c'est que c'est vert.

Depuis le Pérou, j'étais habituée à des paysages d'hiver austral bien secs, voire désertiques qui attendaient impatiemment la pluie de l'été. Ici les arbres arborent de jolies feuilles bien vertes, les prés ressemblent à la Normandie et les vallées contrastent avec les couleurs multiples des montagnes.

Et que d'espace ! L'Argentine fait 2.8 millions de km2, soit 5 fois la France, et on a l'impression d'être au large : les montagnes, les vallées, les villes s'étendent sans se préoccuper de l'espace.
Autre chose : on n'est plus dans un pays andin, au sens indigène du terme. Le Nord-Ouest où je me trouve compte encore quelques villages "typiques" mais sinon, on est clairement dans un pays à l'univers espagnol, voire européen : l'allure des gens, leur fonctionnement, leur mode de consommation. Tout y est. Exit les vendeurs de rue, les cireurs de chaussures, les ateliers en tout genre, les gargottes, les femmes qui portent leur bébé dans le dos... Ça me rapproche de la France, mais est-ce-que ça me plait davantage ?
Dernier point : on m'avait prévenu que Chiliens et Argentins étaient les plus difficiles à comprendre sur le continent : ça se confirme ! Au Chili, c'est plutôt la vitesse d'élocution et la non-articulation. En clair, ils n'ouvrent pas la bouche. Ça donne une sorte de gloubiboulga verbal. En Argentine c'est plus subtil. Ils ne parlent pas trop vite, articulent, mais ils ont une prononciation bien spécifique. Les "ll" et les "y" se prononcent "j". "Pollo" devient "pojo", "me llamo" devient "me jamo"... Donnez-moi quelques jours de plus et je n'en ferai qu'une bouchée !

vendredi 27 novembre 2009

Qu'est-ce-que tu as préféré ?

Voilà la question que me posent fréquemment à propos de mon voyage les voyageurs que je rencontre et à laquelle je ne peux jamais répondre. D'où le hit-parade que vous trouvez dans la colonne de droite.
Néanmoins, pour essayer de donner un embryon de réponse globale, j'ai repris mon petit stylo et ai mis en place un système ultra-perfectionné d'évaluation de chaque pays traversé. Les items évalués sont donc :
- beauté des paysages
- beauté et intérêt des villes
- intérêt des sites archéologiques
- sympathie de la population
- fort ancrage culturel et traditionnel
Je ne suis pas allée, comme les puristes, jusqu'à mettre un poids à tous ces éléments (je rappelle que je ne suis plus au boulot et que les "score cards" ne sont pas d'actualité cette année) mais j'ai noté chaque pays sur ces items, et le résultat est donc......

1/ Pérou d'assez loin
2/ Bolivie
3/ Colombie et Equateur à égalité
5/ Venezuela bien à la traîne

Je referai un point tout à fait inutile de ce genre d'ici 3 mois en ajoutant le Chili et l'Argentine. Ça sert aussi à ça les années sabbatiques : faire des choses qui ne servent à rien !

jeudi 26 novembre 2009

San Pedro de Atacama





















Le désert, le salar, les lagunes, les geysers, les étoiles... voici la nature autour de San Pedro, ce petit village de 5000 âmes perdu au milieu de......... RIEN !! Quelques rues entourées de petites maisons en adobe, une jolie église toute blanche, une placette ombragée, et la vie s'écoule tranquille malgré les dizaines de touristes qui déambulent.

Autour d'ici c'est le désert. Il pleut en moyenne 5 jours par an, de 2 à 4 h chaque fois. Et ces 2 dernières années il a plu 1/2 h par an ! Mais ce n'est pas complètement sec pour autant. On trouve des oasis abreuvées par l'eau des montagnes où poussent figuiers, poiriers et raisin ; on trouve des lagunes aux eaux d'un bleu incroyable ; on trouve des geysers qui lancent leurs fumées à 80 degrés dans l'air ; on trouve un salar et on trouve un centre d'astronomie animé par un Français où on peut observer les étoiles et les planètes.

Il y a un peu de tout à San pedro.

samedi 21 novembre 2009

A l'heure chilienne

Arriver au Chili par la Bolivie, c'est tomber dans une énigme spatio-temporelle digne de "Retour vers le futur".
Actuellement, quand il est 9h du matin au Chili, il est 8h en Bolivie et 13h en France. Maintenant prenez une carte, regardez où se trouve le Chili par rapport à la Bolivie et vous verrez que c'est complètement ubuesque : le pays est à l'ouest de la Bolivie mais compte une heure de plus !!
L'explication est toute simple, mais en même temps idiote : à la base, Bolivie et Chili sont dans le même fuseau horaire à H-6 de la France. Sauf que la Bolivie ne fait pas de changements d'horaires et le Chili en fait 2, comme en France me direz-vous. Et non, parce que nous sommes dans l'hémisphère sud, que les saisons sont inversées et que le changement d'heure aussi. Donc en octobre, quand nous reculons nos montres d'une heure, les Chiliens, eux avancent d'une heure. On se retrouve donc avec 4 h d'écart seulement avec la France pendant nos 6 mois d'hiver, et 6 h pendant notre été, et 5 h entre les 2 puisqu'en plus on ne fait pas les changements aux mêmes dates.
Et là je suis en train de me dire subitement que j'ai un avion de retour depuis Santiago début avril 2010, donc plus ou moins au moment des changements d'horaires et qu'il va falloir que je sois hyper attentive si je ne veux pas le rater... quoique...

vendredi 20 novembre 2009

Bienvenue au Chili

Il y a des signes qui ne trompent pas :
- une douane qui vérifie le contenu des bagages des voyageurs
- un bus en bon état, propre, avec toutes ses vitres
- une route asphaltée avec des glissières de sécurité dans les virages sur plus de 100 km
- une caissière de restaurant qui vous demande de faire la queue pour commander
- des voitures qui s'arrêtent pour laisser traverser les piétons au lieu de manquer les écraser en klaxonnant
- pas de déchets partout dans les rues
- personne qui crache par terre
- Internet haut débit
- une vitesse d'élocution et un marmonnage incompréhensible...
C'est sûr, nous ne sommes plus en Bolivie.
Bienvenue au Chili !
Après 2 jours seulement, la différence est flagrante entre les 2 pays, en tous cas vu des 2 villes que j'ai visitées : Arica et Iquique.
Pour l'instant, j'ai eu un apercu étonnant de ce nouveau pays en 2 paysages :
- le passage de frontière, tout au nord, se fait dans une nature verdoyante, parsemée de volcans enneigés : parc Sajama côté bolivien, parc Lauca côté chilien. Une région où il faudra revenir un jour...
- Arica et Iquique, les 2 grandes villes du nord du pays, séparées par un désert d'une aridité affolante. Iquique est installée dans un site extraordinaire : la côte Pacifique, la ville sur une bande de 2.5 km de large, une dune genre dune du Pyla (avis aux parapentistes), une falaise haute de 800 m et là-haut le désert sur des centaines de km jusqu'à la frontière bolivienne.
Le Chili prédit de l'extraordinaire !

mardi 17 novembre 2009

La douche électrique

"Douche" et "électrique", 2 mots qu'on n'associe pas forcément.
On pourrait croire qu'on est en train de parler d'un chauffe-eau électrique, mais pas du tout.
Il s'agit d'un système italien utilisé dans beaucoup d'hôtels au Pérou et en Bolivie pour avoir de l'eau chaude. Ça permet de brancher la douche directement sur le courant électrique et de ne pas acheter de chauffe-eau. Ne me demandez pas comment ça marche...
Tout ce que je sais, c'est que vu la qualité des installations électriques par ici, on vit dangereusement : fils électriques, parfois dénudés, à 5 cm de l'arrivée d'eau, disjoncteur non protégé directement à côté de la douche, robinet de douche qui donne des coups de jus...
Je risque ma vie tous les matins !

La chute des héros ?

Voici 2 exemples rares de remise en cause des idoles révolutionnaires du pays.
A 3 semaines des élections nationales en Bolivie, qui devraient voir réelire facilement Evo Morales, quelques contestataires pointent le bout de leur nez.

Trouvée à Santa Cruz, une affiche qui assimile la présidence d'Evo à un diktat communiste :
2005 : interventionnisme yankee ==> 2009 : interventionnisme vénézuélien
Le changement, c'est vraiment toi ?
Rapport aux accointances entre Evo Morales et Hugo Chavez, et au slogan de la première campagne présidentielle de Morales "Evo, el cambio es tuyo"/"Evo, le changement c'est toi".

Croisée à Cochabamba, une affiche anti-Che ; alors là c'est encore plus rare.
Traduction d'un texte "éloquent" :
Ni héros, ni justicier, criminel !!!!!!!!!
Des dizaines de Boliviens sont morts dans les mains de cet homme qui n'a apporté avec lui rien de plus qu'un faux cri de liberté. Son idée de la liberté se trouve là-bas à Cuba, avec un peuple esclave de la tyrannie castriste !!!
Ne crois-tu pas qu'il soit mal de notre part Boliviens de rendre hommage à un envahisseur qui est venu assassiner des dizaines de nos compatriotes ? Un tel mercenaire communiste n'a été rien d'autre qu'un psychopate provoquant la lutte et la douleur dans beaucoup de foyers boliviens.
JE SUIS BOLIVIEN ET JE RENDS HOMMAGE A CEUX QUI ONT SAUVE MA PATRIE DU VENIN COMMUNISTE.
Si quelqu'un mérite d'être reconnu et remercié pour son héroïsme, c'est le soldat bolivien tombé alors qu'il luttait contre les guerilleros criminels du Che, en accomplissant son devoir de protection de la Bolivie.
Ne crois pas aux mythes de la gauche, découvres la vérité !!!!!
Certifié 100 % anticommuniste

Oui, ça sent un peu beaucoup la droite extrême, mais c'est tellement rare de voir des messages anti-Che, en pleine ville qui plus est, et à Cochabamba, un des bastions d'Evo Morales que j'en suis restée coite.

Evo Morales, le Che, abominables communistes ?

lundi 16 novembre 2009

Luxe total

Après une semaine de routes poussiéreuses, d'autobus bondés, de chaleurs étouffantes et humides et de chambres parfois miteuses, j'ai décidé de m'offrir 3 dernières nuits en Bolivie à Cochabamba (passage au Chili dans 3 jours) en chambre single et, comble du luxe, avec salle de bains privative, serviette de toilette et savonnette offertes, TV cablée, téléphone, lampes de chevet, armoire, table, pour la somme extravagante de 70 bolivianos (7 €), soit 2 fois ma dépense nocturne habituelle.
Bon, d'un autre côté, avec le Chili et son train de vie presqu'européen, ça devrait m'habituer à ce qui se profile à l'horizon pour les semaines qui viennent et me faire revenir tout doucement à la réalité du marché.

dimanche 15 novembre 2009

Il ya de l'eau dans les rivières

C'est le signe que le printemps est là, que l'été arrive avec son cortège de grosses chaleurs et de pluies et qu'il est temps de quitter la Bolivie pour des contrées plus méridionales.
Cap sur le nord du Chili dans 3 jours.

samedi 14 novembre 2009

S'adapter à son environnement...







Ceci est un cabine téléphonique de jungle

vendredi 13 novembre 2009

Il y a des jours comme ça...

Aujourd'hui je dois me rendre de Concepción à San Ignacio de Velasco, 2 petites villes du circuit des missions Jésuites distantes de 182 km. Je me suis renseignée hier après-midi et on m'a dit qu'il n'y a qu'un bus à 17 h, ou alors un taxi express collectif qui part à 11h pour Santa Rosa de la Roca, ville à mi-chemin où je pourrai sans doute trouver d'autres transports pour San Ignacio. OK donc pour Santa Rosa, et puis on verra bien une fois sur place pour la suite. Donc 11 h pétantes devant l'officine du taxi qui se pointe à midi et décide qu'il n'a pas envie d'aller à Santa Rosa mais qu'il va plutôt aller déjeuner. Me voilà donc en plan et obligée d'attendre le fameux bus de 17h. Je prends mon ticket et j'attends. Le bus arrive à l'heure (17h10), mais là, léger hic, 50 passagers pour 30 places assises. Par miracle, je peux m'asseoir et coincer Oliver entre mes jambes (Oliver, c'est mon sac à dos pour ceux qui auraient l'esprit tordu) pendant que des enfants et des femmes avec bébé restent debout dans l'allée. Sur ce coup là, je trouve les Boliviens hyper stoïques : ça ne râle quasiment pas là où ç'aurait été l'émeute en France, mais par contre c'est chacun pour soi. Galanterie, savoir-vivre, connais pas. Et je fais comme tout le monde et m'accroche à ma place. Ah, j'oubliais, temps de parcours estimé : 5 h. Bus bondé, surchauffé (à 17h à Concepción il doit faire environ 35 degrés), avec des fenêtres qui s'ouvrent quand elles peuvent (l'air conditionné, c'est quoi ?), mais qu'on ne peut de toutes façons pas ouvrir en permanence car la route est en terre et ça fait de la poussière. Au bout de 2 h, une bonne partie des passagers est descendue en route, donc on a un peu plus de place. Et à 23h on arrive royalement à San ignacio.
Vite, trouver un hôtel, prendre une douche froide et dormir enfin. 1er hôtel du Lonely, fermé. 2e et 3e hôtels trouvés à côté, hors de prix. 4e plein, 5e trop cher, 6e et 7e pleins ??? Il y a une "délégation" me dit-on. Effectivement, un car de journalistes boliviens fait le même circuit que moi, je les ai croisés 2 fois hier, et occupent les hôtels du village. Finalement le 8e hôtel a une chambre à un prix acceptable mais dans le style miteux : murs sales, oreillers crasseux, sable dans les draps, corbeille pleine, salle de bains sale. Visiblement, le ménage n'est pas passé. Douche froide ; j'essaie de toucher le moins possible le sol et les murs, et je dors quelques heures.

Mais j'avais oublié : aujourd'hui on est vendredi 13 !!

jeudi 12 novembre 2009

Missions : le tour du monde en 4 jours











Comment faire le tour du monde en 4 jours ? Facile ! Venez faire le circuit des missions jésuites de Bolivie.
1er arrêt : l'Inde, avec les vaches brahmanes qui parsèment les champs
2e arrêt : le Venezuela, pour les paysages de paradis perdu qu'on retrouve ici
3e arrêt : l'Espagne et les haciendas qui fleurissent de toutes parts
4e arrêt : la Colombie, pour les collines verdoyantes et apaisantes
5e arrêt : l'Italie et ses églises peintes
6e arrêt : l'Asie où les femmes se protègent du soleil sous leur parapluie
7e arrêt : Madagascar et ses manguiers couverts de fruits que personne ne ramasse, même s'ils sont tombés au sol
8e arrêt : le Brésil. A San Ignacio de Velasco on est à 70 km de la frontière brésilienne et ça chante le portugais dans les rues
9e arrêt : la savane africaine
10e arrêt : les gauchos argentins et leurs grands chapeaux de cowboys
Oui, dans cette région totalement isolée de l'est de la Bolivie, on retrouve tout ça, et bien plus...

On rembobine : 1986, Palme d'Or du Festival de Cannes, le sublissime film de Roland Joffé "Mission" avec Robert de Niro et Jeremy Irons. Il raconte la vie des prêtres jésuites dans cette partie de la Bolivie, en particulier celle d'un Suisse, Martin Schmidt, compositeur, créateur d'instruments de musique et bâtisseur d'églises. C'est son parcours que je suis pendant quelques jours.
Mon anticléricalisme primaire ne pourra pas me faire suspecter de sympathie coupable pour les Jésuites, mais leur histoire dans la région est à plus d'un titre exemplaire.
Les Jésuites sont arrivés en Amérique de Sud au XVIe siècle mais se sont d'abord installés au Brésil, au Pérou, puis au Paraguay tout proche, d'où ils ont décidé de faire un pas vers les villages Chiquitanos de Bolivie au XVIIIe siècle. Alors bien-sûr, leur première mission était l'évangélisation des Indiens Chiquitanos, nomades, chasseurs, cueilleurs, mais ils ont essayé de promouvoir un véritable échange. Ils apprirent aux indigènes les techniques de culture européennes et en apprirent l'adaptation à l'environnement tropical. Ils introduisirent également la musique européenne, jouée sur des instruments de bois fabriqués localement. La tradition de la musique classique est restée bien ancrée dans la région.
Ils établirent un véritable échange commercial entre les Chiquitanos (coton, miel, textile) et les populations de l'Altiplano (argent, produits d'importation). Malheureusement, au milieu du XVIIIe, les Espagnols, qui ne s'étaient pas beaucoup inquiétés de ces territoires lointains, comprirent qu'ils y perdaient des richesses, du pouvoir et des esclaves potentiels. Ils expulsèrent les Jésuites.
Il reste maintenant leurs églises et leurs villages, dont 6 ont été classés au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en 1991. Elles sont faites de terre et de bois, parées de multiples décorations peintes. Superbes.

mercredi 11 novembre 2009

Musiques



Certes, l'Amérique du Sud regorge de traditions musicales variées qu'on a tous en tête ou sur le bout des lèvres : salsa, rumba, soca, lambada... D'ailleurs, à propos de la Lambada, saviez-vous qu'elle n'est pas du tout brésilienne mais bolivienne ? Le groupe Kaoma qui avait lancé la Lambada a piqué le thème musical dans son intégralité au folklore bolivien (Tapez "Lambada Bolivie" dans YouTube, vous aurez la version originale dont le titre est "Llorando se fue" = "Elle/Il est parti en pleurant"). Et je vous le donne en mille, les 2 producteurs du groupe sont... français ! Dommage pour eux : le succès planétaire du titre l'a rendu bien visible et ils ont dû payer des millions de dollars de dédommagement aux auteurs originaux.

Bon sinon, à part ces grands succès il y a des multitudes de spécialités musicales par ici : reggaeton, cumbia, vallenato... qui mélangent traditions pré-incas, incas, espagnoles et africaines, tant au niveau du rythme, de la mélodie que des instruments utilisés. La flûte est bien entendu très présente, mais également le charango, mini-guitarre/mandoline, l'accordéon, la trompette, les tambours...

Et puis après, on a les perles rares, souvent entendues dans les bus : "Voyage, voyage" en version espagnole, "Le téléphone pleure" en espagnol ET en version salsa. Je vous laisser imaginer ! Et seuls 2 artistes français semblent surnager par ici : l'incontournable Manu Chao (facile c'est une superstar dans toute la région) et... Charles Aznavour !

mardi 10 novembre 2009

Ernesto Guevara de la Serna

Il est temps. Il est temps de vous parler d'un héros national. Même si le Che est argentin, même s'il est né dans une famille de la classe moyenne, même s'il a fait des études de médecine, il reste avant tout pour tous les Boliviens un héros de la Révolution qui a perdu la vie dans leur pays. Que ce soit en affiches, calendriers, discothèque, casquettes, cigarettes ou boucles d'oreille, le Che est célébré de toutes les manières possibles et pas toujours les plus élégantes. Pas sûr q'il aurait apprécié cette débauche capitaliste.
Revenons un peu en arrière.
14 juin 1928, naissance d'Ernesto Guevara à Rosario, Argentine. Après ses études il part pour son voyage à moto à travers l'Amérique Latine, ce qui va former sa conscience politique et l'inciter à la lutte armée. Après être passé par le Guatemala, il s'engage auprès de Fidel Castro pour renverser le dictateur Batista à Cuba. Un petit tour par l'Afrique avant de s'installer en Bolivie, dans la région de Samaipata où je me trouve aujourd'hui et où il ne trouve que méfiance de la part des locaux, opposition du Parti Communiste local et résistance de l'armée. Il est capturé le 8 octobre 1967 par l'armée à Higuera, à 80 km d'ici et exécuté dans une salle de classe. Pour finir son corps est exposé à l'hôpital de Vallegrande, un village proche, ses mains coupées pour éviter l'identification et emportées à Cuba par un journaliste bolivien où elles se trouvent toujours. Et après avoir passé 30 ans sous la piste d'atterrissage de l'aéroport de Vallegrande, son corps a été exhumé et enterré officiellement à Cuba en 1997. Triste fin.
Ici les vrais fans du Che refont la route de ses derniers jours et les Boliviens font référence à lui, comme pour se faire pardonner d'être le pays où il a trouvé la mort.

Sur le Che :
"Diario de una motocicleta / Carnets de voyage ", film de Walter Sales, 2004
"Che, l'Argentin", film de Steven Soderbergh, 2008
"Che, la guerilla", film de Steven Soderbergh, 2008
"Journal de Bolivie", décrit par le Che durant les derniers mois de sa vie

lundi 9 novembre 2009

Mon hit parade

Sur la droite de l'écran, nouvelle rubrique : Mon hit parade
Je résume en 10 merveilles naturelles, 10 sites ou villes et 10 moments mes "highlights" de ce voyage.
La rubrique évoluera bien-sûr avec le temps. A surveiller donc.

dimanche 8 novembre 2009

Le vin bolivien

Avertissement : à tous les puristes, chauvins et extrémistes qui pensent que le vin, le bon vin, le grand vin, ne peut être que français, ne lisez pas ce qui suit.
Pour les autres, faites le test suivant : entrez chez votre caviste préféré et demandez-lui s'il a du Kohlberg, du Campos de Solana, du La Concepción ou du Casa Vieja. Normalement il devrait prendre un air perplexe et faire semblant de réfléchir 20 secondes pour ne pas perdre la face. S'il vous dit qu'il connait mais n'en a pas, soit c'est un bluffeur, soit il a fait un voyage en Bolivie.
Tous les vins boliviens sont produits dans la région de Tarija, dans le sud du pays, tout près de la frontière argentine. C'est déjà une bonne référence. Les vignes poussent à 2 000 m d'altitude, en zone tropicale, ce qui semble accélérer la maturation du raisin. On y retrouve des cépages bien connus, Syrah, Cabernet-Sauvignon...
J'étais sceptique au départ mais il y a effectivement de très bons vins ici. Si vous avez le choix, tentez le Kohlberg, blanc ou rouge. C'est un des meilleurs. Et pour vous donner un point de comparaisonm, le blanc se rapproche d'un Gewürtztraminer en plus sec et le rouge d'un honnête Bourgogne.

samedi 7 novembre 2009

Qui suis-je ? D'où viens-je ?

Depuis le départ de ce voyage, j'ai eu maintes fois l'occasion de prendre le bus, donc de décliner mon nom pour éditer le billet. Quand je le donne oralement, cela peut donner au final sur le billet quelque chose comme "Tominit Misigar" (tous les exemples de ce message sont véridiques) ou "Dominic Misagara". Comme indiqué il y a peu sur ce blog, les Sudaméricains n'aiment pas faire voir qu'ils ne savent pas ; ils préfèrent "improviser" d'après ce qu'ils ont entendu.
Il y a néanmoins ceux qui veulent bien faire et vous demandent votre passeport pour être bien sûrs de bien écrire votre nom. L'intention est fort louable. Cependant, leur zèle est vite calmé quand ils voient mon vieux passeport français à la verticale (à la française pour les spécialistes) alors qu'ils ont l'habitude des passeports qui se lisent à l'horizontale (à l'italienne). Ils feuillètent donc les pages, et la première page à l'italienne sur laquelle ils tombent est ... un visa russe. Je vous dis pas l'angoisse pour déchiffrer mon nom sur un visa russe. Je les redirige donc gentiment vers les pages du début où figurent mes coordonnées, mais là problème, les intitulés sont en français et en anglais seulement. Donc, qu'est-ce qui est le nom ? Qu'est-ce qui est le prénom ? Ça donne au choix :
Pascale Dominique
Dominica Pascale (pour ceux qui n'auraient pas saisi, "Pascale" est mon second prénom)
Misagaro Dominique (Arrgh... on y était presque !)
Misiharo (Ah, le doigt a glissé sur le clavier)
et, palme d'or et roulement de tambour :
Etats Pittsburgh (c'est joli comme prénom "Etats", non ?)
Bon, après quelques semaines de dérives artistiques, j'ai appris à épeler correctement mon nom en espagnol ou à l'écrire carrément moi-même, mais je pense très fort aux "Brandenberger", "Charrondière" et autres "Moutoussamy" de mon entourage qui auraient un certain mal ici. Finalement la France c'est bien pour les vacacnces, non ?
Bon alors, une fois la question du nom réglée vient de celle de la nationalité. Alors évidement, je n'ai pas le profil de la parfaite gringa (vous vous rappelez la tête qu'avait le "Gringo" dans la pub pour le café ?). Mais on m'a quand même prise pour une Venezuelienne, une Colombienne, une Cubaine, une Bolivienne (on m'a même fait payé le tarif réservé aux locaux dans un musée) et ces dernières semaines, depuis le Pérou et à mesure que je descends vers le sud, c'est toujours la même chose qui revient : je suis brésilienne. Au début je n'ai trop rien dit ; je trouvais ça assez flatteur vu la bonne image des Brésiliennes auprès de la gent masculine. Mais quand j'ai demandé pourquoi ils croyaient que j'étais brésilienne ? Parce que vous êtes grande ! Que d'espoirs déçus !

vendredi 6 novembre 2009

Ô temps, suspends ton vol






Sucre.
Prononcez "Soucré" en roulant le "r".

Un drôle de nom ?
Rien à voir avec le petit carré blanc. On parle ici du Maréchal José Antonio de Sucre qui rejeta l'autorité espagnole, encouragea à l'indépendance et donna son nom à cette ville.
Sucre est vraiment une ville à part. Outre le fait que ce soit la capitale constitutionnelle de la Bolivie, c'est une ville aux sublimes bâtiments blancs, aux maisons avec patios, aux églises moins surchargées de dorures, où la population est beaucoup plus métissée qu'ailleurs (ici, "métissée", ça veut dire qu'il y a plus de blancs), où les voitures individuelles, et donc les feux de circulation affluent, où on trouve des magasins de mode et de déco, où on célèbre comme en France la Nuit des Musées, où on organise un festival de danse moderne.
On est définitivement loin de la Bolivie classique à Sucre. On s'y sent bien dès qu'on arrive. On a envie d'y rester. On est un peu hors du temps.
Sucre, plus belle ville du pays ? C'est bien possible.

jeudi 5 novembre 2009

Un air de Provence

Potosi et Sucre sont les 2 grandes villes des hauts plateaux du centre de la Bolivie, distantes de seulement 4 heures de bus, et pourtant quels changements dans le paysage sur le trajet.
D'abord on passe de 4 060 m à 2 790 m d'altitude, donc un climat plus doux, plus de pluie, plus de verdure. Sur la route, j'ai eu un moment de doute ; j'ai cru me retrouver en Provence : petits arbustes verts entre garrigue et maquis, cultures de légumes, vaches, disparition des lamas, petites maisons aux toits de tuiles, peintes sur les 4 côtés (et oui, ici, les maisons sont habituellement peintes côté façade sur rue et restent en brut, briques, sur les 3 autres côtés).
Bref, je me suis sentie en provence pendant une petite heure.

Potosí, beauté sur terre


Architecture coloniale de Potosí

Si c'est toujours l'enfer sous terre à Potosí, la ville a profité des richesses de la montagne pendant près de 300 ans et compte de magnifiques bâtiments coloniaux et une multitude d'églises et de couvents.

Preuve de la richesse de la ville : un hôtel des monnaies y fut créé en 1672 pour frapper l'argent du pays. Aujourd'hui, les pièces boliviennes sont frappées un peu partout dans le monde et les billets sont imprimés en France !

mercredi 4 novembre 2009

L'enfer sous terre

Pour vous raconter ma journée d'aujourd'hui il faut que je commence par vous raconter l'histoire de Potosí.
En 1544, Diego Huallpa, un Inca local parti dans la montagne à la recherche d'un lama égaré, alluma un feu au pied d'une montagne appelée Potojsi pour se réchauffer. Sous l'effet de la chaleur, le sol se mit à fondre et un liquide brillant en émergea, faisant comprendre immédiatement à l'intéressé l'intérêt de sa découverte. Les Espagnols ne tardèrent pas à se l'approprier et fondèrent la ville de Potosí en 1545, au pied du Cerro Rico (Mont Riche), la fameuse montagne. Pour exploiter tous les minerais qui s'y trouvaient et en particulier l'argent, ils firent appel à l'esclavage indien et africain. Tous devaient travailler 12 heures par jour et rester sous terre 4 mois sans sortir, y travaillant, y dormant, y mangeant. On estime qu'en 3 siècles d'exploitation 8 millions de personnes périrent dans les mines. En parallèle, il est dit que la quantité d'argent extraite de cette mine aurait permis de construire un pont de Potosí à l'Espagne. L'histoire de Potosí est donc entièrement liée à cette ressource et pendant les années d'opulence, la ville fut l'une des plus peuplées (200 000 habitants) et des plus riches d'Amérique, preuve en sont ses magnifiques bâtiments coloniaux.
Le problème est que les minerais ne sont pas inépuisables et que leurs cours fluctuent. A partir du XIXe siècle, les filons ont commencé à s'épuiser et le cours de l'argent a fortement chuté. Et quand il y avait encore 20 000 mineurs il y a 5 ans, il n'en reste plus que 5 000 aujourd'hui.

Aujourd'hui, donc, j'ai visité une des mines de Potosí.


La visite commence par un équipement complet du touriste : bottes étanches, sur-pantalon et veste étanches, casque, lampe. Puis on s'arrête au marché aux mineurs, là où les mineurs achètent ce dont ils ont besoin sous terre pour faire nous aussi nos achats pour leur offrir en cadeau : des feuilles de coca, beaucoup, c'est tout ce qu'ils "mangent" sous terre, des boissons, des cigarettes, de l'alcool à 96 degrés pour les offrandes au Dieu souterrain el Tío et... de la dynamite. Et oui, à Potosí, le dynamite est en vente libre : nitroglycérine, mèche, détonateur et sulfate d'ammonium pour accentuer l'explosion. Je suis devenue experte en 10 minutes sur le sujet.
Une fois équipés, on se dirige vers l'entrée de la mine, sans oublier au préalable de tester nos explosifs en dehors de la mine (voir les photos dans le lien photos).
Et puis on entre dans la mine...........

Je ne connais pas les mines du Nord de la France ni les conditions de travail de nos mineurs, mais j'ai un peu l'impression de me retrouver au XIXe siècle :
- 15 degrés à l'entrée de la mine, puis 20 degrés dans les premiers 200 mètres, puis 25 et 30 et jusqu'à 35 au bout du tunnel que nous visitons.
- des galeries où il vaut mieux mesurer moins d'1m70, puis d'1m50, puis d'1m30, puis où on finit par passer à genoux ou sur les fesses. Il y avait d'ailleurs avant beaucoup d'enfants qui travaillaient là, mais on nous dit que ce n'est plus le cas.

- de l'eau au sol, des ruissellements, des tuyaux d'air comprimé qui se promènent, des odeurs un peu "étranges", de la poussière, des plafonds qui menacent de s'effondrer, des wagonnets...
- des hommes qui travaillent quasiment à mains nus dans des trous d'1m de diamètre.
Tout ça entre 4 et 8 heures par jour selon la température.
Et pourquoi tout ça ? Parce qu'il n'y a pas grand chose d'autre à faire à Potosí et parce que ça paie "bien" : de 1 200 Bolivianos par mois pour les débutants à 2 000 Bolivianos pour les anciens, "ancien" étant un terme s'appliquant à tout mineur arrivant à dépasser les 45 ans, le salaire minimum en Bolivie étant de 550 Bolivianos par mois, soit 55 euros. Le salaire dépend bien-sûr de la quantité et de la qualité de minerai extrait, et aujourd'hui le zinc remplace l'argent. Heureusement, certains, comme notre guide, font cela quelques années avant de passer à un autre job ou de reprendre des études.

Mes impressions de ces 2 heures dans la mine ?
Malaise, horreur, honte...
Et en résumé : personne n'a le droit de se plaindre de son job, aussi dur soit il.

lundi 2 novembre 2009

2 novembre, jour des morts, pays mort

Un bon jour pour voyager que ce 2 novembre. C'est la première fois en 7 mois que je vois un pays aussi mort. Il n'y a que les cimetières et les marchands de fleurs qui font le plein en ce jour des morts férié.
Arrivée à Potosi, dans les hauts plateaux du centre du pays. Petit tour d'acclimatation dans la ville, histoire de se faire à l'altitude : une ville à 4 060 m, ça essoufle !

dimanche 1 novembre 2009

Tour dans le sud bolivien J6 : Blanc











Aujourd'hui, dernier jour du tour : le Salar d'Uyuni.

Cette grande étendue d'un blanc presque immaculé de plus de 12 000 km2 est un monde complètement à part : quelques îles la parsèment comme l'île Incahuasi, parsemée de cactus ; quelques animaux s'y aventurent, mais c'est avant tout le domaine du sel et des quelques hommes qui le récoltent.

Le salar est issu d'une rencontre des plaques tectoniques de Nazca et d'Amérique, qui ont emprisonné de l'eau de mer sur une très grande partie du territoire bolivien il y a bien longtemps. Après évaporation, ces lacs salés sont devenus des salars.

Tout le salar est donc recouvert d'une couche de sel dont une toute petite partie est exploitée pour la consommation nationale. Le sol est donc composé de jolies plaques de sel de forme hexagonale d'une vingtaine de centimètres d'epaisseur qui servent à nourrir le bétail et à construire quelques hôtels pour touristes. Et comme l'horizon est quasi invisible dans le salar, on peut s'amuser à faire de drôles de photos...